Salam aleykoum J'ai appris que mon mari avait une seconde femme au Maroc, il refuse de l'avouer, depuis plus de 9 mois, suite à une dispute, il a quitté le lit conjugal, je vis en France avec mes 4 enfants et je ne travaille pas. Mon mari est en arrêt maladie avec un salaire de 1200 euros et des dettes. Il fait des aller-retours, entre la France et le Maroc, pour entretenir sa seconde femme, il utilise l'argent d'un projet que j'ai investi au Maroc. Est-il dans son droit ? Barak Allah ofik

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Il n’est pas permis au mari de prendre de l’argent de sa femme, sauf si elle le lui donne de son plein gré. Comme le dit Allah, le Tout-Puissant, à propos des biens de la femme : « Si elles vous en donnent de bon cœur une part, alors mangez-en tranquillement et de bon gré. » (Coran 4/4)
Ce verset conditionne la légitimité de recevoir l’argent de la femme à son consentement sincère — une expression plus forte qu’une simple autorisation. En effet, une femme peut formuler des paroles de don sous la pression de son mari sans pour autant en être réellement satisfaite. Ce qui est déterminant ici, c’est son contentement intérieur.
Le Prophète () a également souligné ce principe dans son célèbre sermon d’adieu, rapporté par Ahmad et authentifié par Al-Albani : « Ne soyez pas injustes, ne soyez pas injustes, car les biens d’autrui ne sont licites que s’ils sont donnés de bon gré. »
De même, il n’est pas permis au mari de délaisser sa femme dans le lit sans raison légitime. Un tel comportement va à l’encontre de la bonne cohabitation et de la bienveillance recommandées par la religion. Il peut semer la rancœur, détériorer la relation et conduire à des situations qui déplaisent à Allah.
Allah le Très-Haut dit : « Et comportez-vous envers elles convenablement. » (Coran 4/19)
Et dit aussi : « Alors, c'est soit la reprise avec bienveillance, soit la libération avec bonté. » (Coran 2/229)
Cependant, il est permis au mari de délaisser sa femme dans le lit en cas de raison légitime, comme sa désobéissance. Al-Hafiz Ibn Hajar rapporte dans Fath al-Bari qu’Al-Khattabi a expliqué : « Le délaissement du père envers son enfant, du mari envers sa femme, etc., n’est pas limité à trois jours. »
Il s’appuie sur le fait que le Prophète () a délaissé ses épouses durant un mois.
Il est important de noter que le délaissement n’est pas le premier recours face à la désobéissance. Il doit être précédé par d’autres démarches que nous avons expliquées dans la fatwa n°17322.
Enfin, il n’est pas obligatoire pour le mari d’informer sa femme s’il souhaite épouser une seconde épouse ou s’il l’a déjà fait. Toutefois, il est préférable de l’informer et de la rassurer afin de préserver la sérénité du foyer et d’éviter les conflits futurs.
Et Allah sait mieux.