Sourate Al-Kahf est une sourate révélée à la Mecque à part ses versets 28, 83 et 101 qui furent révélés à Médine. Elle compte 110 versets et son nom est tiré de son 9ème verset.
1. Qui furent les "Gens de la Caverne"?
Étant donné que les histoires dont il est question relèvent des traditions chrétiennes et juives, inconnues dans le territoire du Hijâz (c’est à dire la Mecque et ses environs), elles constituaient pour les Qurayshites une excellente occasion de voir si le Prophète () avait bien accès au monde du de l’Inconnu (Ghayb) ou pas. Allah, cependant, donna non seulement une réponse complète à leurs questions, mais surtout souligna le parallèle entre ces histoires et les défauts des opposants à l’Islam dans le conflit qui opposait, à la Mecque, la foi et l’incrédulité.
Au sujet des Gens de la Caverne, Allah répondit que ces gens avaient foi dans le même dogme monothéiste que celui qui est présenté dans le Coran et que les conditions dans lesquelles ces gens vivaient correspondaient trait pour trait à celle des musulmans persécutés à la Mecque. D’autre part, ceux qui persécutaient les Gens de la Caverne agissaient de la même manière que les persécuteurs qurayshites. En outre, les musulmans ont appris de cette sourate que tout croyant qui serait persécuté dans une société cruelle ne devait pas céder devant le mensonge, mais s’exiler, même seul, en ne comptant que sur Allah. Cette sourate fut l’occasion également de souligner, pour les mécréants mecquois, que cette histoire des Gens de la Caverne constituait une preuve suffisante de l’existence de l’au-delà, car elle montre qu’Allah a le pouvoir de ressusciter qui il veut, même après une longue mort comme ce fut le cas des Gens de la Caverne.
Cette histoire a également permis de mettre en garde les notables de la Mecque qui persécutaient la jeune et peu nombreuse communauté musulmane. Elle fut également l’occasion d’informer le Prophète () qu’il ne devrait en aucun cas négocier avec les persécuteurs ni leur accorder plus d’importance que ses partisans pauvres. Ensuite, ce fut l’occasion d’exhorter ces notables à cesser de ne faire que profiter des plaisirs éphémères de cette courte vie et à rechercher plutôt les plaisirs éternels de l’au-delà.
Le même enseignement peut être tiré de l’histoire de Dhoul-Qarnayn. Allah, avec cette histoire, sermonne les mécréants inquisiteurs pour leur dire « Ô vous, notables orgueilleux de la Mecque ! Tirez leçons de cette histoire ! Bien qu’il fût un grand souverain, un grand conquérant et qu’il possédât de nombreux biens, il n’a eu de cesse de se soumettre à son Créateur. Mais vous, vous vous rebellez contre Lui, alors que vous n’êtes rien comparés à Dhoul-Qarnayn. D’autre part, il n’a pas mis sa réelle confiance dans le mur de protection, très solidement bâti, mais bien en Allah ! Il était convaincu que ce mur le protégerait contre ses ennemis tant que telle serait la volonté d’Allah mais qu’il s’effondrerait, si solide qu’il fût, quand telle sera la Volonté d’Allah, exalté soit-Il. Mais vous qui ne possédez en comparaison que d’insignifiantes demeures fortifiées, vous vous croyez pourtant à l’abri permanent de toutes calamités. »
Alors que le Coran est venu retourner la situation contre ceux-là même qui tentaient de piéger le Prophète (), à la fin de la sourate, Allah conclut comme il avait commencé : « L’unicité du Créateur et l’au-delà sont des vérités absolues. Pour votre propre bien, vous devez y croire, vous conformer à ce qu’elles impliquent dans votre vie, et agir avec la conviction que vous rendrez des comptes à Allah. Si vous ne vous conformez pas, vous gâcherez votre vie d’ici-bas et tout ce que vous ferez sera perdu».