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L’existentialisme

L’existentialisme

L’existentialisme est une philosophie et non une religion. Dans son livre Kalimât min al-Hadhâra, le professeur Mansûr `Îd la définit comme suit : « L’existentialisme est une des doctrines philosophiques les plus modernes et les plus marquantes au niveau de la pensée contemporaine. Dans son acception générale, l’existentialisme vise à mettre en exergue la valeur de l’existence individuelle de l’homme. En effet, l’existentialisme est apparu comme conséquence d’un état d’inquiétude qui avait envahi toute l’Europe après la Première Guerre mondiale et qui s’était amplifié avec la Seconde Guerre mondiale ; une inquiétude qui était due essentiellement à l’anéantissement global que la guerre avait provoqué ».

Dans le dictionnaire intitulé Alfâdh al ’aqîda (La terminologie de la croyance) classifié par `Âmir `Abdallah, la définition de l’existentialisme est la suivante : « C’est une doctrine philosophique fondée sur une allégation trompeuse, à savoir que l’homme retrouve lui-même son essence. C'est-à-dire, selon eux, qu’il se libère d’abord des valeurs et s’élance pour réaliser ses désirs et assouvir ses passions sans restriction aucune. D’après eux, l’existence précède l’essence, une expression philosophique qui signifie que la véritable existence est celle des individus ; quant au genre humain, c’est une simple nomination qui n’existe pas réellement dans le monde tangible. A titre d’exemple : Zayd, Khâlid et Ibrâhîm, etc., ceux-là existent réellement, nul doute au niveau de leur existence. Mais l’homme ou le genre humain, c’est un terme qui n’existe pas dans le monde matériel, selon leur prétention » (p. 439).

Dans son étude traitant du sujet de la philosophie existentialiste, le professeur `Abd ar-Rahmân Badawî a dit : « C’est une des doctrines philosophiques les plus anciennes et elle est aussi la plus moderne, car elle occupe une place de choix et est prédominante au niveau de la pensée contemporaine. Elle est de même une des doctrines philosophiques les plus anciennes, car ce qui constitue la pierre angulaire de l’existentialisme est qu’elle est une philosophie qui vit l’existence ; elle ne se limite pas au simple fait de méditer à son sujet.
La différence entre ces deux genres de philosophie est que le premier est vécu d’après les expériences réelles et ce que l’on endure au cours de notre conflit avec l’existence dans ce monde ; quant au second, il n’est qu’un regard dans l’absolu jeté sur la vie de l’extérieur et sur l’existence au niveau de son essence même ».

L’existentialisme est donc une philosophie, mais d’un genre tout à fait nouveau dont le concept diffère des précédents, lesquels appartenaient à une philosophie qui, elle, s’était déjà bien établie et avait même atteint son apogée avec Hegel (décédé en 1831). Ce dernier avait érigé un édifice philosophique logique fondé sur des conceptions intellectuelles liées les unes aux autres par la logique de la dialectique, laquelle implique la contradiction et l’opposition et se base surtout sur l’argumentation. D’après cet édifice philosophique -que l’existentialisme est venu saper- nous constatons que les philosophes étaient jusqu’alors unanimes quant au fait que tout ce qui existe est logique et que tout ce qui est logique existe.

Cet édifice philosophique a déplu à l’existentialisme qui n’a pas tardé à déclencher une révolution menée par Søren Kierkegaard, le véritable précurseur et fondateur de l’existentialisme (décédé en 1855), qui a dit à ce sujet : « La philosophie n’est pas un ensemble de propos illusoires exprimant des éléments qui n’existent qu’au niveau abstrait ; c’est plutôt vers des êtres qui existent effectivement que le discours y est orienté ».

Selon les promoteurs de l’existentialisme, les meilleurs aspects que cette philosophie pourrait comporter sont les suivants :
1. Appeler à l’éloge de l’individualisme, à la réforme de la personnalité humaine et au respect des valeurs humaines pures.
2. Se soucier d’analyser les notions fondamentales relatives à l’existence humaine telles que l’inquiétude, la peur, le péché, le désespoir, le néant, l’individualisme et la liberté.
3. Faire l’éloge du sentiment et de l’émotion et les mettre sur un pied d’égalité avec la raison, voire au dessus même de celle-ci.
4. Faire des expériences vécues des notions à expliquer et des thèmes pour philosopher et ne jamais se limiter aux représentations mentales abstraites.
5. Endurer les problèmes de l’intérieur au lieu d’y remédier de manière superficielle. Les gens chez les existentialistes sont classés en trois catégories bien distinctes : l’homme de la beauté, l’homme des valeurs morales et l’homme de religion.
(a) L’homme de la beauté (l'hédoniste) : c’est celui qui vit pour le plaisir et les délices, il s’y adonne avec excès tout en lançant comme slogan : « Jouis de ce jour ! », et « Aime ce que tu ne saurais voir une seconde fois ! ». Ce type d’hommes ne connaît ni le mariage, ni l’amitié. La femme chez lui est un moyen de conquête et non un objectif en soi.
(b) L’homme des valeurs morales : c’est celui qui vit sous l’étendard de la responsabilité et du devoir envers la société, l’Etat et l’humanité. C’est pourquoi il croit au mariage, mais cela n’est lié ni à une religion donnée ni à autre chose.
(c) L’homme de religion : celui-ci, selon eux, ne vit pas dans le temps, il ne connaît ni jour ni nuit. « Chez votre Seigneur, il n’y a ni jour ni nuit », disent-ils. C’est pourquoi ce type d’hommes est indifférent aux délices de ce bas monde et ses états dans l’ensemble sont ceux qui caractérisent les Soufis.

Il se peut que ces trois types ou catégories soient réunies chez un même homme, il peut passer graduellement de la phase de la beauté à la phase sarcastique, laquelle l’amène finalement à celle des valeurs morales qui, à son tour, le livre à celle de l’absurde pour arriver en fin de compte à celle de la religion. Ceci met en relief les tentatives existentialistes philosophiques visant à rassembler tous les éléments contradictoires en se fondant sur la dialectique ; d’où les propos des existentialistes au sujet de l’existence et du temps et leur tentative d’unir passé, présent et futur. C’est que l’existence humaine se soucie de développer ses potentiels d’exister, et la temporalité est l’unité originelle pour former le souci. Bref, chez eux, c’est au sein du passé qu’existe le futur. Le futur se situe à l’extérieur du passé et renferme en même temps dans son essence même le passé. La même chose s’applique au présent au niveau de sa relation avec le passé et le futur ensemble. Il s’avère alors que la relation entre ces trois moments est à la fois une relation d’inclusion et d’exclusion.

C’est ainsi que les existentialistes conçoivent l’existentialisme, le lieu de rencontre des contraires : la peine y est réjouissante, l’amour est détestable, l’angoisse est tranquillisante, le danger est sécurisant, le rebondissement est rectiligne et l’élévation est une chute. Après Kierkegaard, Jean-Paul Sartre, Gabriel Marcel, Heidegger et autres continuèrent à arborer l’étendard de l’existentialisme.

Quant à l’existentialisme, selon la perspective islamique qui a étudié en profondeur les origines, les idées et les déontologies de cette philosophie, tel qu’évoqué dans L'Encyclopédie des religions et courants de pensée contemporains, il est fondé sur :
1. le reniement d’Allah, de Ses Livres, de Ses Messagers et de tout ce qui relève de l’Invisible et des religions qui empêchent l’homme de se réaliser et de bâtir son avenir.
2. la nécessité pour l’homme de rejeter le passé et de refuser toutes les restrictions religieuses et sociales.
3. l’athéisme et la destruction des valeurs morales, des croyances et des religions.

Ainsi, il s’avère manifeste que l’existentialisme est une philosophie athée qui ne se soucie pas dans ses principes de bâtir l'humanité, et qui n’est liée à aucune religion ou croyance, si ce n’est celle qui appelle à la mécréance et sème la corruption.

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