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Le Qunût quand les musulmans sont frappés par une calamité est une Sunna prophétique

 Le Qunût quand les musulmans sont frappés par une calamité est une Sunna prophétique

 

Le Qunût quand les musulmans sont frappés par une calamité est une Sunna prophétique

Il fait partie de la conduite et de la Sunna de notre Prophète Mohammed () d’adopter l’attitude correspondant à l’apparition de signes de la nature comme les éclipses lunaires et solaires, les tonnerres, les éclairs, les vents violents, les fortes pluies ou la rareté de la pluie. Il a été légiféré ce qui correspond à ces évènements comme prières et invocations spécifiques. De même, il fait partie de la conduite et de la Sunna de notre Prophète () de faire le Qunût (il s’agit d’invocations à haute voix, debout, en prière) lors de drames qui touchent l’ensemble des musulmans. C’est le cas lorsque des mécréants font acte de transgression contre les musulmans, quand il faut invoquer pour des prisonniers, quand il y a des famines, que des virus se propagent. Al-Nawawi a dit : « L’avis qui est juste et connu est qu’en cas de drame touchant la communauté, comme la propagation d’une contagion ou d’une épidémie, d’une famine, d’une sécheresse qui cause un préjudice évident à la communauté et autres, les musulmans font alors le Qunût dans toutes les prières obligatoires. »

La biographie prophétique regorge d’épisodes et d’évènements qui prouvent que le Qunût durant les prières en raison de drames qui touchent les musulmans est une des Sunnas bien établies du Prophète () et notamment :

Les préjudices causés aux faibles musulmans empêchés d’émigrer en terre d’Islam :

Les membres de Quraysh avaient empêché les faibles musulmans d’émigrer en terre d’Islam. Ils les avaient même emprisonné et torturé. Ces faibles musulmans étaient : Al-Walid ibn Al-Walid, ‘Ayyâsh ibn Rabî’a, Hishâm ibn Al-‘Âs. Le Prophète () n’avait rien pu faire pour eux. Il a donc fait les invocations du Qunût, en prière, en leur faveur. Il invoquait également contre ceux qui les avaient torturés et empêchés de faire la Hijra. Selon Abou Horayra (qu’Allah soit satisfait de lui) : « Lorsque le Prophète () leva sa tête de la Rak’at, il dit : ‘’ Ô Allah, sauve Al-Walid ibn Al-Walid, Salama Ibn Hishâm, ‘Ayyâsh ibn Rabî’a, et les autres faibles musulmans à la Mecque. Ô Allah, inflige à ceux qui les ont emprisonnés un châtiment aussi difficile que les années de famine du peuple de Yûsuf.’’ »

Rapporté par Boukhari. Et dans la version de Mouslim :

« Lorsque le Prophète () finissait la lecture durant la prière du Fajr, il disait Allahu Akbar, puis après, il levait sa tête, et disait : ‘’ Ô Allah, sauve Al-Walid ibn Al-Walid, Salama Ibn Hishâm, ‘Ayyâsh ibn Rabî’a, et les autres faibles musulmans à la Mecque. Ô Allah, inflige à ceux qui leurs ont causé du tort un châtiment aussi difficile que les années de famine du peuple de Yûsuf.’’ »

L’épisode du puits de Ma’ûna :

Plus de soixante-dix compagnons y furent tués (qu’Allah soit satisfait d’eux) par trahison. Le Prophète () en fut très attristé. Il demeura un mois complet à faire des invocations contre les assassins. Selon Anas ibn Malik (qu’Allah soit satisfait de lui) : « Ri’iân, Dhakwân, ‘Usayya et Bani Lahyân avaient demandé des renforts. Le Prophète () leur envoya soixante-dix hommes des Ansars. Nous les appelions les Qurrâ, les lecteurs, faisant partie des musulmans les plus nobles et les mieux instruits. Ils collectaient le bois la journée et passaient leur nuit en prière à veiller. Mais arrivés au lieudit Bi’r Ma’ûna, ils furent tués par traitrise. Ayant eu écho de la nouvelle, le Prophète () demeura un mois complet à faire des invocations durant la prière du Sobh contre ces tribus arabes : Dhakwân, ‘Usayya et Bani Lahyân. » Rapporté par Boukhari.

Selon Abdullah ibn Abbâs, le Prophète () demeura un mois complet à faire des invocations durant les prières du Dhohr, ‘Asr, Maghrib, ‘Ishâ et Sobh, dans chaque prière : après avoir dit Sami’ Allahu Li Man Hamidahu au cours de la dernière Rak’at, il invoquait contre les tribus des Bani Sulaym, Ri’iân, Dhakwân, ‘Usayya. Ceux qui étaient derrière lui en prière disaient Amin. Il avait envoyé des hommes les appeler à l’Islam mais ils les avaient tués. »

Rapporté par Abû Dâwûd et jugé authentique par Al-Albânî. Et dans une version de Mouslim :

« Il demeura un mois complet à faire des invocations durant les prières contre des tribus arabes, puis il s’arrêta de le faire. »

Enseignements :

-1 : Dans son ouvrage Fath Al-Bârî, Ibn Hajar a dit : « Il me semble que la sagesse pour laquelle le Qunût lors des drames qui touchent la communauté doit être fait en position debout et non en prosternation, bien que la prosternation est la position pour laquelle on espère le plus que l’invocation soit exaucée, comme il est rapporté dans le hadith : « Le serviteur d’Allah n’est jamais aussi proche de son Seigneur qu’en prosternation. Multipliez donc les invocations dans cette position. » et qu’il est rapporté de source sûre qu’il faut invoquer en cette position, la raison à cela, est que ce qui est requis durant le Qunût en temps de drame est que les fidèles participent avec l’imam à ces invocations, ne serait-ce qu’en disant Amin. C’est pour cela que les savants sont d’accord pour dire que ces invocations doivent être dites à voix haute. » Fin de citation.

-2 : Il fait partie de la conduite et de la Sunna de notre Prophète Mohammed () de faire des invocations en cas de drame qui touche la communauté ou de moments difficiles. Ibn Taymiyya a dit : « Invoquer contre les injustes mécréants est légiféré et c’est même requis. Le Qunût a été légiféré pour invoquer en faveur des croyants et contre les mécréants… Il a été légiféré de le faire durant la prière du Fajr et les autres prières… Celui qui fait les invocations durant le Qunût doit faire en sorte qu’elles correspondent au drame qui touche la communauté à ce moment. » Ibn Al-Qayyim a dit : « Il fait partie de la conduite prophétique de faire le Qunût en temps de drame et de ne pas le faire s’il n’y en a pas. Et il ne le faisait pas spécifiquement dans la prière du Fajr mais dans toutes les prières. » Ibn Uthaymin a dit : « Le Qunût lors de drame est légiféré pour toutes les prières comme cela est rapporté de source sûre du Prophète Mohammed ().

-3 : Le Qunût durant les drames n’est pas le même que celui qui est fait durant les prières du Witr et du Sobh. On doit invoquer afin que le drame cesse en fonction de ce qui correspond à la situation. Le mieux est de faire des invocations qui correspondent aux termes employés par le Prophète (). Mais s’il invoque par d’autres formules, cela est permis.

Al-Nawawi a dit : « Ce qui est juste et connu, et qui est reconnu comme catégorique par la plupart des savants, est qu’il n’est pas obligatoire de faire l’invocation selon cette formulation mais toute invocation est valable. » Il dit par ailleurs : « Sache qu’aucune invocation particulière n’est requise selon l’école choisie. Toute invocation est valable. Mais le mieux est bien sûr de faire ce qui a été rapporté dans le Sunna. »

Ibn Taymiyya a dit : « Le Qunût se fait quand des drames touchent la communauté. Il n’y a pas d’invocation particulière à faire mais il ne faut pas non plus faire n’importe quelle invocation qui passe par la tête. Il doit plutôt faire des invocations légiférées qui correspondent à la cause du drame. »

 Ibn Uthaymin a dit : « Le Qunût durant les drames n’est pas le même que celui qui est fait durant les prières du Witr. On doit invoquer afin que le drame cesse en fonction de ce qui correspond à la situation. »

Il convient à l’imam au cours de ses invocations de Qunût de prendre en compte la facilité pour les fidèles et ne pas être trop long. Il doit agir selon la conduite prophétique. C’est-à-dire avec des invocations dont les phrases sont courtes comme on l’a vu dans les hadiths précédents. Bienheureux est celui qui parvient à mettre en application la Sunna prophétique. Sauf dans le cas où il est nécessaire de faire des invocations un peu plus longues, surtout lorsque la situation est difficile pour les musulmans, tant qu’il n’y a rien de pesant à le faire.

Ibn Uthaymin a dit : « Ce qui a été rapporté du Prophète () est que ses invocations durant le Qunût lors des drames étaient courtes. Il invoquait en faveur ou contre un peuple sans être long. En revanche, si l’imam est un peu long et que cela ne fatigue pas les fidèles qui aspirent à plus de longueur, sans que les invocations ne sortent de l’objet du drame. Alors il n’y a pas de mal à le faire, parce qu’insister dans les invocations est légiféré. »

-4 : Il a été rapporté de source sûre du Prophète () qu’il a invoqué contre les polythéistes dans certains cas, mais qu’il a aussi invoqué en leur faveur dans d’autres cas. Les invocations pour ou contre les polythéistes correspond aux situations. Lorsque leur animosité se fait fortement ressentir et leur combat contre l’Islam est pressant, on peut invoquer contre eux. Mais quand on espère qu’ils se convertissent on invoque afin qu’ils soient guidés à l’Islam. Le Prophète () a d’ailleurs invoqué Allah contre les habitants de la Mecque pour qu’Allah leur fasse connaitre des années de disette comme celles qu’a connu le peuple de Youssouf. Il a invoqué contre les notables de la Mecque en raison de leur préjudice et de leur animosité. En d’autres occasions, il a invoqué en faveur de mécréants afin qu’Allah les guide. Il invoqua notamment pour Thaqîf et Daws et aussi pour d’autres mécréants. Boukhari a intitulé le titre d’un chapitre : Chapitre : l’invocation en faveur des mécréants pour les gagner à sa cause. Ibn Hajar explique : « L’expression ‘’pour les gagner à la cause’’ relève de la bonne compréhension de l’auteur, Boukhari, puisque cela indique la différence entre les deux situations. Et que parfois, il invoquait contre eux et d’autres fois, en leur faveur. Le premier cas quand leurs méfaits et leurs préjudices s’intensifiaient. Le deuxième quand ils se sentaient à l’abri de toute transgression et qu’ils espéraient les gagner leurs cœurs,  comme dans le récit de Aws. »

-5 : Il est légiféré de faire les invocations du Qunût lorsque la cause pour le faire est présente (quand un drame touche la communauté). Quand la raison n’est plus, on ne doit arrêter de faire le Qunût parce que le Prophète () s’est arrêté de le faire lorsqu’il n’y avait plus de raison le justifiant avec la venue des gens qui avaient motivé ses invocations.

Dans son ouvrage Zâd al-Ma’âd, Ibn Al-Qayyim dit : « Il a fait le Qunût lors de drame, en invoquant en faveur de certaines personnes et pour le mal d’autres personnes. Puis il s’est arrêté de le faire quand les personnes en faveur desquelles il avait invoqué l’ont rejoint et se sont débarrassés de leur condition de prisonnier, et que se sont convertis à l’Islam ceux contre qui il avait invoqué et qu’ils sont revenus repentants. Ce Qunût était fait pour une raison précise qui, quand elle n’était plus, il s’arrêtait de le faire. »

Le Qunût et l’invocation durant les prières en raison d’un drame qui touche la communauté est une Sunna prophétique. C’est en principe une demande adressée à Allah afin qu’il dissipe le drame qui vient de toucher la communauté. Il y a en cela un enseignement et une éducation prophétique – pour chaque individu, la société et la communauté – pour qu’ils trouvent refuge et s’humilient devant Allah. Surtout dans les moments difficiles et les épreuves qui touchent les musulmans quel que soit le pays, puisque cela ne concerne pas un pays en dehors d’un autre. Par conséquent, cette pratique permet aussi de mettre en évidence l’unité de la communauté musulmane, annoncer au grand jour la fraternité et le soutien mutuel entre les musulmans tous autant qu’ils sont. Allah, exalté soit-Il, dit :

« En réalité, les croyants sont des frères. » (Coran 49/10).

Et le Messager d’Allah () a dit : « Les croyants, dans leur affection, leur miséricorde et leur compassion réciproques, sont semblables à un seul corps : lorsque l’un de ses membres se plaint, c’est tout le corps qui lui répond par l’insomnie et la fièvre. » Rapporté par Mouslim.

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