Les questions dans le noble Coran
Les questions posées au Prophète () occupent une grande place dans le Coran. A seize reprises, des questions lui sont adressées. L’une d’elle l’est, en arabe, au passé, dans ce verset :
« A ceux de Mes serviteurs qui t’interrogent sur Moi, réponds que Je suis tout proche » (Coran 2/186).
Dans les quinze autres occurrences, elles sont posées, en arabe, au présent, comme dans ce verset :
« Tes compagnons t’interrogent au sujet de la nouvelle lune. » (Coran 2/189).
Mais les réponses données différent. Elles émanent toutes d’Allah le Sage. La différence de réponse pour chaque question donne lieu à une remarque. Certaines de ces questions avaient initialement été posées par des contradicteurs, d’autres par des fidèles, d’autres par des fidèles au prophète qui leur interdit de l’interroger mais eux souhaitaient savoir quel était la position de l’Islam sur l’objet de leurs questions. Comme s’ils avaient oublié toutes leurs traditions de la Jâhiliyya et souhaitaient que leur soient légiféré tous leurs faits et gestes conformément aux lois de l’Islam.
En méditant les réponses apportées à ces questions, on se rend compte qu’une seule d’entre elle est donnée directement sans être introduite par le mot : Dis ! Il s’agit du verset suivant :
« A ceux de Mes serviteurs qui t’interrogent sur Moi, Je suis tout proche, J’exauce quiconque M’invoque sincèrement. » (Coran 2/186).
Une est introduite par l’adverbe Alors, en arabe : Fa Qul, dans ce verset :
« Ils t’interrogent au sujet des montagnes. Alors réponds-leur : « Mon Seigneur les réduira en poussière, » (Coran 20/105).
Les autres réponses sont introduites par le verbe : Dis. Alors quelle est la sagesse qui réside dans le fait d’avoir joint la particule Fa, traduite par l’adverbe ‘’alors’’ dans ce verset et non dans les autres ?
Les savants ont expliqué ce fait ainsi : pour les réponses qui commencent par le verbe ‘’Dis’’, il s’agit de réponses à des questions qui ont effectivement été posées au Prophète (). Mais quand elle est ici précédée par la particule ‘’Fa’’ en arabe, ‘’Alors’’ en français, c’est parce que la question n’a pas encore été posée mais qu’elle le sera à l’avenir dans le verset : « Ils t’interrogent au sujet des montagnes. » C’est là une question qui n’a pas encore été posée. Le sens est : s’il te pose cette question : « Alors réponds-leur » comme si la réponse lui était donnée par précaution à une question qui allait lui être posée. Dans les faits, la question relative aux montagnes n’avait pas été posée au moment de la révélation du verset alors que dans les autres versets, les questions avaient déjà été posées.
Et on est en droit de poser la question suivante : quelle est la sagesse dans le fait que la réponse apportée dans le verset : « A ceux de Mes serviteurs qui t’interrogent sur Moi, Je suis tout proche, » (Coran 2/186) n’est pas introduite par le verbe ‘’dis’’ ni par l’adverbe ’’alors’’ ? Les savants affirment : parce que la question concerne Allah et il a voulu par ce biais infirmer qu’il puisse avoir un quelconque intermédiaire entre lui et les hommes. C’est pourquoi la réponse a été donnée directement, sans intermédiaire.
Et si la taille de cet article ne nous permet pas de passer en revue toutes les questions mentionnées dans le Coran, nous pouvons au moins nous arrêter sur quelques-unes d’entre elles pour prendre connaissance de la nature de ces questions et comment le Coran y a répondu.
Dans la sourate Al-Baqara, trois questions sont posées dans un même contexte dans ce verset :
« Ils t'interrogent sur le vin et les jeux de hasard. Dis : « Dans les deux il y a un grand péché et quelques avantages pour les gens ; mais dans les deux, le péché est plus grand que l’utilité ». Et ils t’interrogent : « Que doit-on dépenser (en charité) ?» Dis : « L’excédent de vos biens. » Ainsi, Allah vous explique Ses versets afin que vous méditiez sur ce monde et sur l'au-delà ! Et ils t'interrogent au sujet des orphelins. Dis : « Leur faire du bien est la meilleure action. Si vous vous mêlez à eux, ce sont alors vos frères [en religion]. Allah distingue celui qui sème le désordre de celui qui fait le bien. Et si Allah avait voulu, Il vous aurait accablés. Certes Allah est Puissant et Sage. » (Coran 2/219-220).
Trois questions et leurs réponses, toutes en lien avec la réforme de la société, pour en renforcer les fondations, chacune d’elle focalisant sur un des aspects de la réforme, toutes ont un seul et même objectif, ériger les fondations de la société sur des piliers de vertus, d’amour, d’entraide et de bien, sans s’aider les uns les autres au péché et à la transgression. Ces versets qui visent à la réforme, ancre l’unité de ses membres et renforcent leurs liens, font suite à l’injonction du Djihad et quelques règles du combat :
« Le combat vous est prescrit, mais vous l’avez en aversion. Or, il se peut que vous ayez en aversion une chose qui pourtant est un bien pour vous. A l’inverse, il se peut que vous aimiez une chose qui est en réalité un mal pour vous. Allah sait ce qui va dans votre intérêt tandis que vous, vous l’ignorez. » (Coran 2/216).
Ceci parce que le combat concourt à protéger le pays d’agressions des ennemis de l’extérieur. Et la réforme dans ces trois versets comprend la protection du pays contre les ennemis de l’intérieur. Il s’agit des divergences qui engendrent de l’animosité, lorsque chaque groupe regarde l’autre comme s’il était un ennemi aux aguets et non pas comme un membre avec lequel on devrait s’entraider, un frère qu’on devrait aimer. L’unité des rangs à l’intérieur du pays et l’union des membres de la communauté est un des préparatifs au combat, cela correspond aux munitions de la guerre. La force de la guerre est issue de la paix parce que l’objectif de l’Islam le plus haut est de donner vie à un groupe fraternel dont les membres s’aiment sur des bases de vertus et nobles comportements. Mais à peine les musulmans avaient-ils commencé à prêcher la religion que les frères de Satan essayaient d’éradiquer cet appel et le tuer dans l’œuf. Les musulmans étaient soumis à des tentations dans leur religion, torturés dans leur foi. C’est la raison pour laquelle ce verset fut révélé :
« Ceux qui sont attaqués sont à présent autorisés à repousser par les armes l’injustice dont ils sont victimes. » (Coran 22/39).
Ils étaient obligés d’agir comme le fait chaque groupe humain qui veut subsister, repousser l’ennemi agresseur qui veut l’éradiquer jusqu’à ce qu’ils parviennent à le mettre hors d’état de nuire et soient à l’abri de son mal ou que ses forces soient largement diminuées, et sa capacité de nuisance amoindrie. Ils s’attelaient alors à ériger leur noble société, mettre en place ses grands principes et réaliser leur premier objectif. Ils se sont donné les moyens, et par le biais de leurs vertus, ont organisé les préparatifs en cas de récidive des ennemis.
Pour réformer la société islamique, le Coran a débuté par poser ces questions et y apporter les réponses parce que c’est par ce biais qu’il est possible de se prémunir du mal, de repousser les dangers qui menacent la société. Et il est bien établi chez les savants de l’Islam, comme ils le formulent par une expression consacrée : ‘’ se débarrasser des défauts prime sur le fait de se parer des qualités’’ autrement dit, il faut d’abord s’abstenir de commettre des erreurs avant de faire ce qui nous est utile, repousser les méfaits avant de faire ce qui relève de notre intérêt. En effet, on ne peut rien obtenir de ce qui va de notre intérêt si la corruption est répandue, que le mal est ancré, que les méfaits font leurs effets. On doit remédier aux maux de la société tout comme il faut soigner le corps humain de ses maladies. Un médecin habile ne s’empresse pas de fortifier le corps en laissant les microbes l’affecter. Au contraire, il s’efforcera avant tout de combattre ces microbes et de les éradiquer. Puis, il agira pour renforcer le corps. Et s’il devait renforcer le corps durant les soins il renforcerait les capacités de résistance du corps de façon à accroitre son immunité et le rôle des anticorps. Son objectif serait avant tout de combattre les vices. Ainsi en est-il quand il s’agit de réformer les nations : il faut commencer par ôter tous les méfaits qui l’affectent, puis, mettre en œuvre les moyens requis pour l’ériger et établir les fondations.
La première question est mentionnée dans ce verset :
« Ils t'interrogent sur le vin et les jeux de hasard. Dis : « Dans les deux il y a un grand péché et quelques avantages pour les gens ; mais dans les deux, le péché est plus grand que l’utilité » » (Coran 2/219).
La question sur le vin et les jeux de hasard vise, sans aucun doute, à savoir si cela est licite ou illicite et non sur la nature de ces faits qui sont bien connus à n’en pas douter. Les riches et ceux qui en avaient les moyens s’y noyaient tant ils en abusaient. C’est pourquoi cette réponse indique que la religion ne les agrée pas ou que c’est interdit puisque tout ce dont les méfaits priment sur l’utilité est interdit et ne peut pas être licite. Allah le dit en des termes explicites. Le fidèle à l’âme pure, qui s’était débarrassé des impuretés des passions, était donc en droit de se suffire de ce verset pour fuir le vin et les jeux de hasard. Et c’est bien ce qu’a fait l’élite des croyants, les compagnons du Prophète () qui occupaient les plus hauts rangs, comme Abou Bakr, Omar et d’autres, qu’Allah soit satisfait d’eux tous, les premiers musulmans les plus proches du bien. Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) avait le sentiment que le vin ne convenait pas en Islam. C’est pour ça qu’il invoqua le Seigneur en disant : « Ô Allah veuille nous dire clairement quel est le statut du vin » surtout après qu’eut été révélés les versets qui donnaient juste une indication de l’interdiction, sans l’exprimer clairement.
Pourquoi poser une question sur le statut du vin et des jeux de hasard ? Et de qui provenait la question ? Des compagnons sans aucun doute. Elle ne pouvait émaner de quelqu’un d’autre. Ils avaient constaté que le vin faisait perdre le bon sens et affaiblissait la raison. Elle amenait un homme à se retrouver dans des situations qu’il ne maitrisait plus. On rapporte même que Hamza ibn Abi Talib avait bu du vin et avait égorgé un chameau qui appartenait à Ali ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). Il l’avait préparé pour aller chercher du bois dans le but de réunir les biens nécessaires à la dot de Fatima Al-Zahrâ. Il était donc aller se plaindre auprès du Prophète () de son oncle. Et lorsque le Prophète (
) s’adressa à Hamza, il était ivre. Ce dernier lui dit : ‘’ Vous n’êtes que les esclaves de mon père.’’ Les premiers fidèles ne pouvaient pas agréer que le vin soit licite. Eux dont la foi s’était ancrée dans les cœurs et dont les âmes s’étaient purifiées. Et ce, quand bien même le Coran ne l’avait pas encore interdit en des termes clairs. C’est la raison pour laquelle on posa la question à ce sujet de nombreuses fois pour trancher définitivement sur son statut.
La deuxième question est mentionnée dans ce verset :
« Et ils t’interrogent : « Que doit-on dépenser (en charité) ?» Dis : « L’excédent de vos biens. » Ainsi, Allah vous explique Ses versets afin que vous méditiez » (Coran 2/219).
Le lien de cette question avec la première est qu’ils utilisaient le vin et les jeux de hasard comme moyen pour amener les avares, ceux qui ne donnaient pas l’aumône de leur propre initiative, à faire preuve de générosité en dépensant de leurs biens dans les bonnes œuvres. La question portait donc sur les dépenses dans les bonnes œuvres. Elle faisait suite à celle posée sur un péché qu’ils considéraient être une bonne action alors que, en tant que péché, il n’y aucun bien en lui. La réponse à cette question explique la façon de faire un don de manière ordonnée et définie, exempte de péché, plutôt que de faire un don d’une somme inconnue, de façon désordonnée, entaché de péché qui le cerne. Ils ont donc demandé ce qu’ils devaient dépenser de leurs biens dans les bonnes œuvres. Allah intima donc l’ordre à son prophète de répondre de dépenser de leurs biens ce qui excède leurs besoins. C’est-à-dire ce qu’ils peuvent dépenser ce qu’ils peuvent faire aisément sans que cela ne leur pèse et qui correspond à ce qui leur reste après leurs dépenses couvrant leurs besoins essentiels. Ce genre de dépense peut se faire aisément et ne pèse pas sur les personnes qui se conforment aux préceptes divins et dont que les cœurs sont pleins de foi et de miséricorde et répondent à l’appel du Seigneur.
Abou Sa’îd Al-Khoudri (qu’Allah soit satisfait de lui) relate ce qui suit : Alors que nous étions en voyage avec le Prophète () un homme se présenta sur sa monture et commença à promener son regard à droite et à gauche. Le Messager d’Allah (
) dit alors : « Que celui qui a une monture en plus la mette à disposition de celui qui n’en a pas, et que celui qui a un excédent de nourriture en donne à celui qui n’a pas de provisions. » Et il cita d’autres types de biens, nous laissant penser qu’aucun de nous n’avait droit à un quelconque excédent. Rapporté par Mouslim.
La troisième question est mentionnée dans ce verset :
« Et ils t'interrogent au sujet des orphelins. Dis : « Leur faire du bien est la meilleure action. Si vous vous mêlez à eux, ce sont alors vos frères [en religion]. Allah distingue celui qui sème le désordre de celui qui fait le bien. » (Coran 2/220).
La réponse à cette question repose encore une fois sur le principe d’écarter tout méfait de la société islamique. Si les dépenses effectuées en faveur des pauvres permettent de protéger la société contre la pauvreté et ce qu’on peut en redouter comme maux, protéger les orphelins et leurs biens protège la société de voir émerger parmi ces orphelins des personnes mauvaises qui détestent la société et n’attirent que des problèmes alors qu’ils sont sous la tutelle et à la charge de cette société. Les fidèles ont donc posé la question au sujet de ces orphelins pour savoir s’ils devaient les joindre à eux et les faire manger à leur table ou les laisser eux et leurs biens. Et comment les prendre en charge et s’occuper d’eux. Toutes ces questions et d’autres similaires devaient obtenir une réponse parce qu’ils lisaient le verset suivant :
« Quant à l'orphelin, ne le persécute point. » (Coran 93/9).
Ils étaient donc confus sur la façon de se comporter avec les orphelins : s’ils les rapprochaient d’eux avec leurs biens ils craignaient de tomber dans le péché. Mais s’ils les délaissaient ils se perdaient alors qu’ils sont à la charge de toute la société. Allah a donc enjoint à Son prophète de leur dire : ce que les croyants doivent faire est d’agir dans leur intérêt. C’est-à-dire faire ce qui est un bien pour eux et leurs biens. Il a commencé par eux puisque c’est eux qui sont visés avant tout. Et parce qu’agir dans l’intérêt de leurs biens revient à agit pour l’intérêt de leurs personnes. C’est aussi un bien pour eux et pour les croyants. Il convient aussi d’agir pour améliorer leur situation en les éduquant et en leur donnant de l’amour, de l’affection, en faisant preuve de compassion, en ne les chargeant pas de ce qui leur pèse. En effet, faire preuve d’austérité avec eux fait naitre chez eux de la rudesse qui donnera lieu à de la dureté. Ils grandissent ainsi en détestant les gens et en attendant impatiemment que les membres de la société subissent un revers.
Et si l’objectif est d’agir dans leur intérêt par tous les moyens, s’il faut pour cela les joindre à nous sans toucher à leurs biens alors cela est tout à fait acceptable et permis. C’est pour cette raison qu’Allah a dit que puisque ce sont vos frères par la foi, vous pouvez mêler vos biens aux leurs. Soit, quand vous vivez avec eux, faites-leur ressentir que ce sont vos frères en religion et en humanité et que ce sont les enfants de vos frères. Comportez-vous avec eux en fonction de ce lien fraternel et de miséricorde et ne les regardez pas comme s’ils étaient insignifiants en ne leur donnant que peu à manger parce qu’ils sont étrangers à votre maison. Au contraire, faites-leur ressentir qu’ils sont chez eux de façon qu’ils ne grandissent pas avec de la rudesse. Ils mettraient les gens en colère et leur souhaiteraient du mal. Ce serait dans leur nature une fois plus grand, à l’âge adulte.
Ces questions et celles qui leur ressemblent – comme le dit Sayyid – nous indiquent des choses bien diverses :
Premièrement : c’est une preuve d’ouverture, de vie et de développement dans les aspects de la vie et les relations entre les gens. L’apparition de nouvelles situations dans la société dont la personnalité spécifique commence à se profiler et dont les membres commencent à se lier fortement. Les individus ne sont plus dispersés ni les tribus opposées. Les membres constituent maintenant une communauté qui a une entité, une organisation, une situation vers laquelle tous les membres aspirent et chacun souhaite connaitre ses directions et ses liens. C’est une nouvelle situation à laquelle ils font face. Une situation que l’Islam a établi avec sa conception, son organisation, ses élites. Une situation de développement social, intellectuel, de ressenti et un développement humain de façon générale.
Deuxièmement : c’est une preuve de l’éveil du sens religieux, que la nouvelle croyance s’est infiltrée et s’est emparée des âmes. Ce qui a conduit à chacun à être gêné de faire quoi que ce soit dans sa vie quotidienne sans s’assurer auparavant de ce que préconisait cette nouvelle croyance à ce sujet. Ils n’avaient plus dans leurs vies de référents antérieurs auxquels revenir. Leurs cœurs s’étaient défaits de toutes leurs habitudes de la Jâhiliyya. Ils avaient d’ailleurs perdu toute confiance en ces habitudes. Ils attendaient les nouvelles directives sur chaque point de leurs vies. Cet état d’esprit est celui qui émane de la foi authentique. C’est là que l’âme se défait de tous ses référents antérieurs et de toutes ses habitudes. Elle se méfie de tout ce qui est en lien avec la vie antérieure à l’Islam. C’est une âme qui se tient prête à recevoir toutes les directives de la nouvelle croyance pour façonner sa nouvelle vie en fonction de ses principes. Innocente de tout élément qui viendrait l’entacher. Si cette âme devait recevoir une directive comprenant un aspect de ses vieilles habitudes, elle ferait comme si elle recevait un fait nouveau et l’aborderait comme s’il était lié à la conception nouvelle qui est celle de la nouvelle croyance. En effet, le nouveau dogme n’annule pas forcément tout ce qui existait auparavant. Mais il est important que tous les aspects qui datent de cette époque soient liés à la nouvelle conception des choses pour en devenir une de ses composantes, inclus dans son entité, en harmonie avec le reste des aspects, comme l’a fait l’Islam avec les rites du pèlerinage qu’il a conservés. Ces rites sont perçus à partir de la conception islamique et reposent sur ses règles. L’Islam a définitivement rompu les liens des rites du pèlerinage avec les conceptions qui étaient les siennes durant la Jâhiliyya.
Troisièmement : on peut déduire de cette période de l’histoire, de l’autorité des juifs à Médine et des polythéistes à la Mecque, de temps à autre, une tentative de discrédit des institutions de l’Islam. Et la volonté d’exploiter chaque occasion pour mettre en place des campagnes visant à fourvoyer les gens à travers certaines attitudes et évènements – comme ce fut le cas lors de l’escadron de Abdullah ibn Jahsh (qu’Allah soit satisfait de lui) et ce qui a pu être dit de son accrochage avec les polythéistes durant les mois sacrés – ce qui suscite de mettre en évidence quelques interrogations et d’y répondre de façon à couper court à ces tentatives de discrédit et d’apporter la sérénité et la certitude dans les cœurs des musulmans.
Le sens de cette indication est que le Coran est toujours au centre de la bataille. Qu’il s’agisse de la bataille au sein des cœurs entre les conceptions islamiques et celles de la Jâhiliyya, ou la bataille se jouant à l’extérieur entre les groupes de musulmans et leurs ennemis qui se tiennent aux aguets de toutes parts.
Cette bataille, comme la première, est toujours en vigueur. L’âme humaine n’a pas changé, les ennemis de l’Islam sont toujours présents, le Coran est toujours là. Et il n’y a point de salut pour l’âme humaine ni pour la communauté musulmane si ce n’est en faisant entrer ce Coran sur le champ de bataille pour qu’elle y agisse de façon vivante, pleinement, comme l’ont fait les premiers musulmans. Tant que les musulmans n’auront pas la certitude de cette réalité alors ils ne connaitront ni félicité ni réussite ! Le moins que puisse faire naitre cette réalité dans les âmes, est qu’elles aspirent à ce Coran avec cette compréhension, cette perception des choses et cette conception. Que l’âme soit face au Coran, s’active et agisse et mette en pratique cette nouvelle conception. Qu’elle combatte les conceptions de la Jâhiliyya. Qu’elle défende cette communauté et la protège des écueils. Et non pas qu’elle agisse comme le font les gens aujourd’hui avec le Coran, comme si ce n’était que des sons agréables à l’ouïe que l’on récite, des belles paroles psalmodiées, et l’affaire en est finie. L’affaire est tout autre. Allah a révélé le Coran afin de mettre en place un mode de vie complet, pour que ce Coran agisse sur la vie et la conduise à bon port, en sécurité, d’entre les écueils et les difficultés du chemin sur lequel les passions se bousculent tout comme les pièges sont nombreux.