Je souhaite avant tout vous remercier – Qu’Allah vous permette de réaliser tout ce qui est un bien. Qu’Allah vous récompense par de nombreux biens pour ce que vous faites en faveur de la communauté islamique. -
Ma question porte sur le fait de s’isoler en période de troubles, de la dépravation des femmes, de la féminisation des hommes, où chacun exhibe tout ce qu’il peut pour tenter les autres, une époque où sont répandus les chants et la musique, la sunna est délaissée et se fait rare même dans les mosquées. Et trois points m’ont poussé à poser cette question :
Le premier : durant la période du Coronavirus, il nous a été interdit de nous rendre dans les mosquées et même de circuler dans les rues. J’en étais ravi parce que cela me permettait de ne plus circuler dans les rues – alors que je ne sortais que pour aller à la mosquée ou aller voir un ami qui m’est cher – je souffrais beaucoup de tout ce qu’on peut voir dans les rues. Chaque fois que mon niveau de foi augmentait un tant soit peu, il diminuait fortement sur le chemin du retour de la mosquée à la maison. Lorsque nous avons été confinés, mon niveau de foi a de nouveau augmenté. Et j’ai fait un rêve pieux – grâce à Allah-.
Mais dès la fin du confinement, ma foi a de nouveau baissé et l’état de mon cœur en a pâti.
Le deuxième : j’ai entendu un hadith du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) rapporté par Mouslim dans lequel il a dit : « Un homme interrogea le Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) en ces termes : « Quel est le meilleur des hommes, Messager d’Allah ? » Il répondit : « Le croyant qui combat corps et biens pour la cause d’Allah. » L’homme ajouta : « Et ensuite ? » Il dit : « Ensuite l’homme qui se retire dans un col de montagne pour adorer son Seigneur et préserver les autres de son propre mal. » Dans une autre version avec cette même chaine de narrateurs, il a dit : « Et un homme qui se retire… » et il n’a pas dit : « Et ensuite un homme qui se retire… »
Le troisième : dans le livre Siyar A’lâm Al-Nubalâ’, de l’imam Al-Dhahabî, j’ai lu au sujet de l’imam Malik : « Isma’îl Al-Qâdî a entendu Abu Mus’ab dire : Malik n’a pas assisté à une prière en groupe durant 25 ans. On lui demanda : Et qu’est-ce qu’il en a empêché ? Il rapporta la justification de Malik : de peur de voir un mal et devoir le proscrire. » Et s’il en fut ainsi à l’époque de Malik qui était un des successeurs des compagnons, alors que dire de notre époque ?!
Ma question : si le préjudice à sortir de chez soi est prédominant et qu’il n’y a aucun intérêt à le faire si ce n’est assister à la prière en commun dont les participants ne manqueront pas de commettre quelques actes blâmables. Et si ce n’est pas le cas, il y aura dans la rue ce qui serait suffisant à diminuer mon niveau de foi. Dans ce cas, est-il permis de s’isoler des gens pour préserver sa religion ? Sachant que je ne dépends de personne pour vivre. J’ai une activité qui ne nécessite pas de sortir ou que rarement. Et je ne sors de chez moi uniquement lorsque j’en ai vraiment besoin et qui, le cas échéant, me causerait du tort, comme aller consulter un médecin par exemple. Est-ce que j’obtiendrai la récompense de la prière en groupe en ayant l’intention de la faire ? Soyez-nous utile – Qu’Allah vous bénisse et vous récompense par un bien. -
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Les savants ont divergé pour établir le degré de mérite entre s’isoler des gens ou les fréquenter.
L’avis le plus juste est que fréquenter les gens est le plus méritoire au vu de ce qui en résulte comme intérêts conséquents. Et aussi parce que cela a toujours été la véritable attitude des prophètes et des vertueux serviteurs d’Allah.
Partant, il conviendrait de fréquenter les gens de façon à réaliser tout ce qui constitue un intérêt et s’isoler des gens dans tous les cas pouvant conduire à un préjudice. Fréquentez les gens pour accomplir les obligations religieuses – comme les prières du vendredi, les prières en groupe - et les actes recommandés – comme les assises où l’on évoque Allah et celles où l’on apprend la religion – et ne fréquentez pas les gens en dehors de ces cas où vous devez faire des choses permises si ce n’est en fonction du besoin de le faire.
Veillez à prescrire le bien et proscrire le mal. Il y a en cela la vie des cœurs. Choisissez bien vos fréquentations, des gens vertueux qui vous aideront à obéir à Allah. Cela contribuera à augmenter votre niveau de foi au mieux.
Pour ce qui est de la première raison qui motive votre question : si vous vous évertuez à combattre les penchants de votre âme, fréquentez les gens comme le requiert la religion, veillez à prescrire le bien et proscrire le mal, tout cela sera une des plus grandes causes d’augmentation de votre foi.
Quant au hadith que vous avez mentionné, il est rapporté de source sûre et figure dans les recueils de Boukhari et Mouslim. Selon Abou Sa’îd Al-Khudri, un homme interrogea le Messager d’Allah () en ces termes : « Quel est le meilleur des hommes, Messager d’Allah ? » Il répondit : « Le croyant qui combat corps et biens pour la cause d’Allah. » L’homme ajouta : « Et ensuite ? » Il dit : « Ensuite l’homme qui se retire dans un col de montagne pour adorer son Seigneur et préserve les autres de son propre mal. »
Les savants qui sont d’avis qu’il est recommandé de s’isoler des gens et que cela est d’un degré de mérite supérieur à les fréquenter se réfèrent à ce hadith pour appuyer leur position. Mais la synthèse des avis des savants sur cette question établit que le principe de base stipule qu’à priori, fréquenter les gens est d’un degré de mérite supérieur à s’isoler. D’ailleurs, le Messager d’Allah () a dit : « Le croyant qui fréquente les gens et patiente face à leurs méfaits est meilleur que celui qui ne les fréquente pas et ne patiente pas face à leurs méfaits. » Rapporté par Tirmidhi et Ibn Majah.
Fréquenter les gens suppose des intérêts et des récompenses qui n’ont pas leur semblable en s’isolant. Pourtant, dans certains cas bien spécifiques et pour des personnes bien particulières, il peut être plus méritoire de s’isoler des gens. L’imam Al-Nawawi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Ce hadith est un argument en faveur des savants qui sont d’avis que s’isoler des gens est plus méritoire que les fréquenter. Cette question est d’ailleurs l’objet d’une divergence bien connue. L’avis de Shâfi’î et de la plupart des savants est que fréquenter les gens est plus méritoire à condition de se préserver des troubles. L’avis des autres savants est que s’isoler est plus méritoire. Mais la majorité des savants ont répondu à ceux qui se réfèrent à ce hadith en disant qu’il fallait comprendre que s’isoler est plus méritoire durant les périodes de troubles et de guerre, ou alors concernant ceux dont les gens n’échappent pas à ses méfaits et qui ne patientent pas face à eux, ou à tout autre cas particulier comme celui-ci. Les prophètes, que la paix soit sur eux, ainsi que la grande majorité des compagnons, mais aussi leurs successeurs, les savants et les ascètes se mêlaient aux gens et vivaient en société. Il en résultait tout intérêt que cela peut procurer comme le fait de participer à la prière du vendredi et aux prières en groupe, aux prières funéraires, visiter des malades, assister aux assises où se fait le rappel d’Allah et autre.
Le lieu où se retirer indiqué dans le hadith est un col de montagne, soit un espace entre deux montagnes. Mais le lieu en question n’est pas forcément voulu en soi. Le sens voulu est le fait de se retrouver seul ou isoler. Le col de montagne a été mentionné à titre d’exemple parce que c’est un endroit qui est généralement inhabité. Ce hadith va d’ailleurs dans le même sens que celui-ci où on a demandé au Prophète () : « Messager d’Allah ! Où se trouve le salut ? » Il répondit : « Tiens ta langue, demeure dans ton foyer et pleure sur tes péchés. » Fin de citation.
Quant à ce qui est attribué à l’imam Malik, si cela est exact, alors il s’agit d’un acte issu d’un effort de réflexion de sa part – qu’Allah lui fasse miséricorde -. D’autres savants n’ont pas agi comme cela.
De plus, l’imam Malik n’a pu s’isoler complètement des gens. Si c’était le cas, ce savoir immense, les hadiths et les avis de jurisprudence en nombre qu’il a dispensés ne se seraient pas répandus parmi les gens comme ils l’ont été s’il s’était complètement isolé des gens au point de ne fréquenter personne.
Et Allah sait mieux.
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