Le Prophète Mohammed () incarnait la compassion dans tous les aspects de sa vie quotidienne. Il enseignait que la miséricorde devait être une valeur fondamentale dans les relations humaines et s’étendre à toute créature vivante. Il disait :

« Soyez miséricordieux envers ceux qui sont sur terre, afin que Celui qui est au ciel soit miséricordieux envers vous. » (Rapporté par Abou Dawoud et At-Tirmidhi)

Il affirmait également :

« Celui qui ne fait pas miséricorde aux autres n’en recevra pas. »
(Rapporté par Al-Bukhari et Muslim)

Ces enseignements n’étaient pas de simples paroles : ils prenaient forme dans sa conduite quotidienne, pleine de tendresse envers les hommes comme envers les animaux.

Un jour, ses compagnons capturèrent les oisillons d’une mère affolée. À la vue de l’oiseau tournoyant au-dessus de leurs têtes en détresse, le Prophète () demanda :

« Qui a causé de la peine à cet oiseau en prenant ses petits ? Rendez-les-lui ! »
(Rapporté par Abou Dawoud)

Il s’éleva également contre la maltraitance animale sous toutes ses formes. Il interdit formellement d’utiliser des êtres vivants comme cibles pour l'entraînement :

« Que la malédiction d’Allah soit sur celui qui prend un être vivant comme cible. »
(Rapporté par Muslim)

Il condamna aussi la mutilation des animaux, en particulier à des fins de divertissement ou de cruauté gratuite.

« Le Prophète () a interdit de mutiler les animaux. » (Rapporté par Muslim)

Ce hadith est général et concerne tous les types d’animaux, domestiques ou non. Il reflète l’éthique prophétique du respect du vivant, et s’inscrit dans l’interdiction plus large d’infliger des souffrances inutiles aux créatures d’Allah.

Dans un autre hadith explicite, le Prophète () maudit celui qui mutile un animal.

 « Le Messager d’Allah () a maudit celui qui mutile un animal. » (Rapporté par An-Nasa’i, n°4446, et authentifié par Cheikh Al-Albani dans Sahih Sunan An-Nasa’i)

Ce dernier hadith va au-delà de l’interdiction : la malédiction prophétique (la‘na) souligne la gravité morale et spirituelle de l’acte. Dans la tradition islamique, la malédiction du Prophète est réservée aux comportements particulièrement odieux ou injustes, ce qui montre à quel point la protection des animaux faisait partie de sa mission éthique.

Le Prophète () considérait que la compassion envers les animaux pouvait mener au salut, tout comme la cruauté pouvait conduire à la damnation.

Il raconta un jour l’histoire d’une femme condamnée à l’Enfer pour avoir laissé mourir de faim un chat :

« Une femme est entrée en Enfer à cause d’un chat. Elle l’avait enfermé, sans lui donner à manger ni le laisser se nourrir librement des insectes de la terre. » (Rapporté par Al-Bukhari et Muslim)

À l’opposé, il évoqua l’histoire d’une prostituée qui gagna le Paradis pour avoir abreuvé un chien mourant de soif :

« Un chien tournait autour d’un puits, prêt à mourir de soif. Une prostituée d’une communauté antérieure vit cela, retira sa chaussure, y puisa de l’eau et donna à boire au chien. Allah lui pardonna pour cet acte. » (Rapporté par Al-Bukhari et Muslim)

Par ces récits, le Prophète Muhammad () voulait inculquer une conscience morale profonde, élargie à toute forme de vie. Il rappelait que la compassion n’était pas une option, mais une responsabilité spirituelle, un chemin vers la proximité divine.