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Leur père était un homme vertueux

Leur père était un homme vertueux

 

Leur père était un homme vertueux

 

 

L'éducation des enfants est une responsabilité immense qui incombe aux parents. Allah, exalté soit-Il, leur a donné cet ordre et les a exhortés à cette noble tâche dans le Coran: « Ô vous qui avez cru ! Préservez vos personnes et vos familles, d'un Feu dont le combustible sera les gens et les pierres, surveillé par des Anges rudes, durs, ne désobéissant jamais à Allah en ce qu'Il leur commande, et faisant strictement ce qu'on leur ordonne» (Coran 66/6).

Veiller à ce que sa propre famille ne goûte pas au châtiment du Feu de l’enfer implique de leur ordonner ce qui est louable et leur interdire ce qui est blâmable, c’est de cette manière que se forme l’éducation qui les préservera de la punition divine. Dans l'exégèse d'Ibn Kathîr, il est rapporté: « Al-Dahhak et Muqatil ont dit: Il est du devoir du musulman d'apporter la connaissance à sa famille, à ses proches, à ses esclaves de ce qu'Allah a prescrit et de ce qu'Il a interdit». 

Dans l'exégèse d'al-Qurtubi, ʻAli, Qatâdah et Mujâhid disent : « Protégez-vous par vos actions et protégez vos familles par vos recommandations ». 

Al-Qurtubi dit: « Il incombe à l'homme de se réformer par l'obéissance et de réformer sa famille comme le berger guide son troupeau. Dans un hadith authentique, le Prophète () a dit : « Chacun de vous est un berger et chacun de vous est responsable de son troupeau. L'imam qui dirige les gens est semblable à un berger et il est le responsable des gens qu’il dirige. L'homme est un berger pour les gens de sa maison et il est responsable d'eux». 

 Le sens de l'éducation:

L'éducation consiste à assumer pleinement l’apprentissage de celui qui a besoin d’être éduqué, de suivre ses progrès et de le guider progressivement jusqu'à ce qu'il atteigne la perfection souhaitée. Le processus éducatif est un travail intégral et progressif qui commence dès la naissance de l'enfant — voire avant — et se poursuit jusqu'à ce que l'enfant atteigne l'âge adulte.

Rappelons qu’il s’agit d’une évolution globale qui nécessite la coopération de toutes les institutions et entités de la société: la maison, l'école et plusieurs ministères dont celui de l’éducation, la culture, de l'information, des sports, des affaires religieuses, et d’autres encore. Tous doivent s'unir dans leurs objectifs et leurs intentions afin de parvenir à réaliser les résultats escomptés avec les qualités requises. 

Au cœur de la maison se construisent les premières fondations

Cependant, malgré tout cela, il faut insister pour affirmer que dans cet enchainement, l’essentiel commence à la maison. Celle-ci représente le premier environnement où commence à se former l'intelligence et la pensée de l'enfant. Le rôle des parents dans l'éducation est la base qui soutient l’édifice, elle est fondamentale. Toute la structure éducative repose sur leurs épaules. Pour souligner cela, il suffit de rappeler la parole du Prophète () : « Tout enfant naît dans la religion originelle (al-Fitra), ce sont ses parents qui en font un juif, un chrétien ou un zoroastrien ».

 

En raison de cet impact immense dont sont responsables les parents, l'Islam a insisté sur le choix judicieux du conjoint. Il a ordonné à l'homme de bien choisir la mère de ses enfants: « On épouse une femme pour quatre qualités: sa richesse, sa noblesse, sa beauté et sa piété. Tache donc de choisir celle qui détient la piété, tu seras gagnant» (Boukhari et Mouslim). 

 

Il a également alerté les tuteurs de la femme en leur ordonnant de lui choisir pour époux un homme pieux et vertueux: « Si quelqu'un dont vous êtes satisfaits de sa religion et de son caractère vient demander [votre fille] en mariage, alors donnez-la-lui comme épouse. Sinon, il y aura des troubles sur la terre et une grande corruption » [Tirmidhi et authentifié par al-Albîni]. 

La piété et le bon caractère sont donc les critères essentiels à retenir sur la sélection du conjoint, car ce sont sur ces bases que se déroulera palier par palier, le développement de toute l’éducation:

- Des mœurs sans religion conduisent à la perdition dans l'au-delà.

- Une religion sans mœurs n'existe pas en réalité, car la corruption des mœurs indique l’altération et la perversion de la religion, ou sa faiblesse. 

Ainsi, la religion et les mœurs sont les fondements d'une maison vertueuse, et sur eux repose une éducation exemplaire. La loi divine a établi que des maisons vertueuses émergent des enfants vertueux. Cela est attesté par le Coran et demeure une vérité ancrée dans la nature humaine. 

Le Coran dit: « Le bon pays, sa végétation pousse avec la grâce de son Seigneur; quant au mauvais pays, (sa végétation) ne sort qu'insuffisamment et difficilement » (Coran 7/58). 

Quant à l'ancrage dans la nature humaine, il est illustré par les paroles des enfants d'Israël à Marie lorsqu’Allah, exalté soit-Il, lui donna Jésus sans père, comme un miracle: Puis elle vint auprès des siens en le portant [le bébé]. Ils dirent: « Ô Maryam (Marie), tu as fait une chose monstrueuse ! Sœur de Hârûn, ton père n'était pas un homme de mal et ta mère n'était pas une prostituée » (Coran 19/27-28). Ils semblaient dire: « Tu proviens d'une famille vertueuse, pieuse et dévouée, comment as-tu pu commettre une telle ignominie ?» 

De la piété des parents découle celle des enfants

Le principe veut que la piété de la maison parentale entraîne celle des enfants. Cela est dû à de multiples raisons : 

Premièrement : L’objectif de pieux parents est de chercher incessamment à élever leurs enfants dans la vertu, afin de répondre à l’ordre d’Allah, le Tout-Puissant, et de Son Messager () recherchant ainsi la proximité divine. L'éducation consiste pour eux en un acte d'adoration, et tout manquement dans ce domaine devient la négligence d’un devoir qu’Allah, exalté soit-Il, a imposé. Contribuer à fortifier la piété de leurs enfants, devient l’acte d'adoration et de dévotion qu’Allah, le Tout-Puissant aime et agrée, et assurément, Sa bénédiction leur permettra d’en récolter les meilleurs fruits. 

Deuxièmement : Les parents pieux doivent comprendre que leurs enfants sont le pilier de leur renommée auprès de leur Seigneur et la continuité de leurs œuvres après la fin de leur vie. Ils savent donc pertinemment que les enfants sont une prolongation de leur vie après leur mort, et une œuvre continue suivie d’une récompense quand leurs propres actions n’auront plus cours. Comme le dit le Prophète () : « Lorsque le fils d’Adam meurt, ses œuvres cessent sauf trois : une aumône continue, une science bénéfique ou un enfant pieux qui prie pour lui » (Mouslim). Les parents qui ont donc réussi l’éducation d’un enfant pieux deviennent les vainqueurs d’une bataille mémorable. 

Troisièmement : Ils doivent au sein de leur demeure, mettre intuitivement à la disposition de leurs enfants les meilleurs moyens de guidée : le Coran, des livres porteurs de bénédictions, des enregistrements qui inspirent la piété, les histoires édifiantes qui jalonnent l’histoire de l’islam, des cercles de rappel où l’évocation d’Allah, le Tout-Puissant, est présente, et la mise en œuvre de tout moyen qui vise ce merveilleux objectif. 

Quatrièmement : La maison devient ainsi à l’abri des causes de la corruption et de la perte de l’esprit : des instruments de musique interdits, des activités futiles qui égarent l’âme, des occupations qui ne sont d’aucune réelle utilité. 

Cinquièmement : Toutes les méthodes destinées à parfaire l’éducation doivent être appliquées ; enseigner aux enfants dès leur jeune âge les principes de l'islam, de la foi, corriger les pratiques religieuses non conformes à la loi islamique, expliquer l’importance de la mémorisation du Coran, éveiller l'intérêt à la compréhension des hadiths authentiques, à la biographie sublime du Prophète (). Rajoutons à cela les incontournables histoires des compagnons, l’enseignement de la glorieuse histoire de l'islam, l'amour d'Allah et de Son Messager () l'amour de la religion et de ses adeptes, et travailler à leur victoire, afin qu'Allah, Son Messager () et Sa religion soient plus aimés en leurs cœurs que toute autre chose, afin qu’y habitent les meilleures mœurs et l’inspiration de sages actions. 

Sixièmement : Une surveillance discrète mais constante doit être maintenue. Si des signes de déviation ou de comportement douteux commencent à apparaitre, il faut intervenir au plus vite. Si un des garçons adopte une coiffure incongrue dans le but d’imiter un sportif, un style vestimentaire déplacé, une démarche inconvenante ou un discours imitant de façon inappropriée un acteur ou un artiste, ou si une fille se met à imiter actrices, chanteuses, mannequins célèbres, ou des exemples de femmes dont la piété est loin d’être l’objectif, alors la réaction parentale ne doit pas se faire attendre, l’intervention se doit d’être rapide pour corriger au plus vite chaque attitude qui peut conduire les enfants à leur perte. 

Septièmement : Les parents doivent veiller à choisir des modèles appropriés et à façonner l’exemplaire conception de l’archétype incontournable qu’est le Prophète () premier et meilleur modèle à suivre. Puis, viennent les compagnons honorables, les quatre califes bien guidés, les dix promis au Paradis, les hommes de la bataille de Badr, les participants à l'allégeance de ʻAqabah, ceux de l’alliance de Ridwân, les grands successeurs qui les ont suivis ensuite, les éminents imams, les leaders qui se sont illustrés lors des grandes conquêtes, et ceux qui possèdent une ambition exemplaire et une âme pure. Devant ces glorieux exemples, il devient simple d’expliquer combien est vain de prendre pour modèles des joueurs de football, des acteurs, chanteurs, danseurs ou mannequins. De même pour les jeunes filles, ce sont les mères des croyants, les premières femmes de l’islam, et celles qui ont participé à sa propagation en constituant des jalons lumineux sur le chemin de la foi et de la vertu, qu’elles doivent honorer en les prenant pour exemple. 

Huitièmement : Il est indispensable de protéger sa progéniture en veillant à ce qu’ils ne consomment jamais de nourritures illicites. Ainsi, la piété d’un père lui interdit à jamais d’introduire dans sa maison un dirham illicite, que ce soit par l'usure, par l'injustice envers un travailleur, la corruption, l'appropriation illégale de biens d'autrui, ou toute autre forme de gain illégitime. Il sait que l’illicite est une impureté qui corrompt les esprits, détruit les âmes, et ne produit que des corps souillés. Il est rapporté : « Tout corps nourri par ce qui est illicite, le feu lui est plus approprié ». Allah, exalté soit-Il, est Pur et n'accepte que ce qui est sain, et le Paradis est la demeure des purs et seuls les purs y auront accès. Le licite bénit ceux qui en font l’usage et œuvre à les faire prospérer. 

Ismâʻîl ibn Ibrâhîm, le père de l'imam al-Boukhari (qu’Allah lui fasse miséricorde), a dit: « Je n’ai pas connaissance d’avoir introduit un jour dans ma famille un dirham illicite ou un dirham douteux ». Le résultat de cette grande piété fut la naissance d’un des grands érudits de ce monde, celui qui devint la parure des traditionnistes, le maître des mémorisateurs, l'homme incomparable qui a rédigé le livre le plus authentique après le Coran, l'imam Muhammad ibn Ismâʻîl ibn Ibrâhîm al-Boukhari al-Juʻfi, qu'Allah soit satisfait de lui et de tous les imams pieux. 

Neuvièmement : La piété doit elle-même s’illustrer chez les parents afin qu’ils deviennent un modèle et un exemple pour leurs enfants. C'est le moyen d'éducation le plus important, le plus bénéfique et le plus efficace. L'enfant doit voir dans ses parents un modèle absolu, une source de connaissances et de savoir, une fontaine de morale et de bonnes manières. Intuitivement il se mettra alors à suivre leur chemin. S'il les voit prier, il se tiendra à côté d'eux et de la même façon, priera, même s'il ne comprend pas encore tout à fait le sens et la subtilité de son acte. S'il les voit lire le Coran, il prendra à son tour le Mushaf (le Livre d’Allah) et prendra place près d'eux pour les imiter. Tout ce qu'il verra ou entendra venant d'eux, que ce soit un geste, une parole ou autre, il s’en inspirera. Leur rectitude, leurs mœurs, leur adoration et leurs bonnes manières lui seront donc transmises de façon naturelle, sans effort particulier. 

De même que la droiture des parents se transmet aux enfants, la corruption, la mauvaise conduite, les mauvaises actions et paroles se propagent également. L'exemple à suivre est l'action, non la parole. Si le parent n'est pas sur la bonne voie, sa déchéance, ses manquements et ses actes répréhensibles parviendront aux enfants, même s'il leur commande de faire le bien et de s'abstenir du mal, alors que lui-même n’applique pas ce qu’il semble ordonner et interdire. Les parents doivent donc veiller à ce que leurs actions soient en conformité avec leurs paroles, comme Allah, le Tout-Puissant, nous met en garde en disant: « Ô vous qui avez cru ! Pourquoi dites-vous ce que vous ne faites pas ?» (Coran 61/2), et : « Commanderez-vous aux gens de faire le bien, et vous oubliez vous-mêmes de le faire, alors que vous récitez le Livre ? »  (Coran 2/44). De cette manière, peu importe combien vous ordonnez à votre enfant de prier si vous vous en abstenez, tout cela sera vain. Si vous lui interdisez de fumer en prétendant le mettre en garde contre les dangers du tabac, il ne vous obéira pas tant qu'il vous verra fumer. 

Dixièmement : La protection d'Allah pour les enfants des pieuses personnes.

 Allah, exalté soit-t-Il, récompense les pieux en protégeant leurs enfants. Le parent qui durant sa vie préserve les ordres d’Allah, le Tout-Puissant, veille à ne pas s’approcher de ses interdits, adhère à Sa religion et garde la constance dans Son obéissance, se verra protégé dans sa religion, ses biens, sa famille et ses enfants en retour. 

L'histoire de Moïse et al-Khidr est une preuve de ce principe, lorsque le mur redressé qui allait s'écrouler fut redressé al-Khidr donna l’explication suivante: « Et quant au mur, il appartenait à deux garçons orphelins de la ville, et il y avait dessous un trésor à eux; et leur père était un homme vertueux. Ton Seigneur a donc voulu que tous deux atteignent leur maturité et qu'ils extraient, [eux-mêmes] leur trésor, par une miséricorde de ton Seigneur » (Coran 18/82). Contemplez comment Allah, exalté soit-Il, missionne deux de Ses plus grands saints pour préserver les biens de deux jeunes orphelins, pour l’unique raison que leur père était un homme pieux. 

ʻUmar ibn ʻAbd al-ʻAzîz a dit: « Aucun croyant ne meurt sans qu'Allah protège ses descendants et les descendants de ses descendants».

Ibn al-Munkadir a dit: « Allah, le Tout-Puissant, protège l'homme pieux dans ses enfants, ses petits-enfants, et l’ensemble des maisonnées qui se trouvent dans leurs alentours; ils demeurent sous la divine protection et Sa bienveillance les recouvre».

Saʻîd ibn al-Musayyib disait à son fils : « Je vais augmenter mes prières pour toi, espérant ainsi sa protection », puis il récita le verset : « Et leur père était un homme pieux ».

Et quelle belle et parfaite parole d'Allah, le Tout-Puissant : « Que la crainte saisisse ceux qui laisseraient après eux une descendance faible, et qui seraient inquiets à leur sujet ; qu'ils redoutent donc Allah et qu'ils prononcent des paroles justes » (Coran 4/9).

Ô Allah, rends nous meilleurs que nous ne le sommes, réforme nos enfants et notre descendance, et fais d'eux la prunelle de nos yeux dans cette vie et dans l'au-delà.

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