Attitude des priants derrière un imam qui se lève pour faire une Rak'a de plus Fatwa No: 268921
- Fatwa Date:28-9-2014
Salam alaykoum, Si l'imam se trompe pendant la prière et ajoute une Rak'a, ceux qui le suivent peuvent-ils rester assis en attendant qu'il se rasseye pour faire le tachahoud ou doivent ils le suivre dans son erreur ? De plus, s'ils ne savaient pas comment le prévenir de son erreur, sont-ils fautifs de n'avoir rien dit ? Et si l'imam se rend compte qu'il est en train d'effectuer un ajout mais continue quand même sa rakaa par ignorance car il ne savait pas qu'il devait se rassoir immédiatement quand il se rend compte de son erreur, sa prière est-elle quand même valide malgré cet ajout ? Ou l'ignorance est excusée dans un tel cas ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Lorsque l’imam se lève pour accomplir une Rak'a supplémentaire, on est face à l’une des deux situations suivantes :
La première : qu’il se soit levé par distraction. Dans ce cas précis, si les priants le lui font remarquer en disant Subhâna Allah (gloire à Allah) ou s’il s’en rend compte de lui-même, il doit obligatoirement se rasseoir, dire le Tachahhud s’il ne l’a pas fait et ensuite se prosterner (les prosternations de distraction) avant les salutations finales selon l’avis des Chaféites et des Hanbalites et après les salutations finales selon l’avis des Hanafites et des Malikites puis faire les salutations. Il ne lui est pas permis de poursuivre la Rak'a supplémentaire. S’il ne s’assoit pas tout en étant au courant du fait qu’il effectue une Rak'a supplémentaire, alors sa prière est annulée. L’auteur de Kachchâf al-Qinâ' a dit : Dès lors qu’un priant rajoute dans sa prière un acte faisant partie des actes de la prière comme une station debout ou assise, une inclinaison ou une prosternation, et ce de manière intentionnelle, alors sa prière est annulée à l’unanimité des oulémas car cela dérègle l’ordre de la prière et change sa structure. Ce n’est donc pas une prière et son auteur n’est pas considéré comme un priant
En revanche, s’il ignore cela, alors sa prière n’est pas annulée. L’auteur de Tuhfa al-Muhtâdj a dit dans son commentaire d’Al-Minhâdj ouvrage de l’école chaféite ce qui suit : Si un priant accomplit dans la prière un acte supplémentaire, qu’il fasse partie des actes de la prière (c’est-à-dire que cet acte soit un pilier de celle-ci, comme l’ajout d’une inclinaison ou d’une prosternation) ou pas, alors sa prière est annulée sauf s’il l’a fait par oubli ou s’il est ignorant.
Certains jurisconsultes sont d’avis que sa prière est tout de même annulée. Il est mentionné dans la glose d’al-Dussûqî le Malékite à propos des actes qui annulent la prière ce qui suit : La prière d’une personne est annulée si celle-ci ajoute intentionnellement un pilier corporel [contrairement au pilier oral]. Elle est également annulée si elle fait cela par ignorance
La seconde : qu’il se soit levé pour une raison comme le fait qu’il ait délaissé la récitation de la sourate al-Fâtiha dans une des Rak'as précédentes ou qu’il ait manqué un pilier. Dans ce cas précis, il accomplit cette Rak'a et sa prière est correcte.
Dans les deux cas susmentionnés, il n’est pas permis aux priants de le suivre, qu’il ait ajouté une Rak'a par distraction ou pour une raison particulière.
Cependant, doivent-ils achever la récitation du Tachahhud et faire la salutation finale ou bien doivent-ils l’attendre jusqu’à ce qu’il s’assoie, fasse le Tachahhud pour qu’ensuite ils fassent les salutations avec lui ? Certains oulémas sont d’avis qu’il est obligatoire de se dissocier de lui (et d’achever la prière tout seul) tandis que d’autres sont d’avis qu’il est obligatoire de l’attendre. Il y en a parmi eux qui sont aussi d’avis qu’il est préférable de l’attendre, alors que d’autres sont d’avis que les priants ont le choix entre se dissocier de lui, faire le Tachahhud et faire les salutations finales et entre le fait de l’attendre et de faire les salutations avec lui. Les quatre avis sont les différentes versions rapportées de l’imam Ahmad. Al-Mirdâwî le Hanbalite a dit lorsqu’il a mentionné ces avis ce qui suit :
1. Les priants sont obligés de se dissocier de lui d’après l’avis faisant autorité dans l’école jurisprudentielle (hanbalite) et la plupart des oulémas hanbalites sont de cet avis.
2. Il est également rapporté (de l’imam Ahmad) qu’il est obligatoire de l’attendre. Al-Marrûdhî a relaté cet avis et Ibn Hâmid a opté pour celui-ci.
3. Il est également rapporté (de l’imam Ahmad) qu’il est recommandé de l’attendre.
4. Il est également rapporté (de l’imam Ahmad) que les priants ont le choix de l’attendre.
Dans les Fatâwâ al-Fiqhiya al-Kubrâ d’Ibn Hadjar al-Haytamî le Chaféite, il est mentionné ce qui suit : On a posé à Ibn Hadjar al-Haythamî (qu’Allah lui accorde longue vie) la question suivante à propos d’un imam qui se lève pour accomplir une cinquième Rak'a : Est-ce qu’il est préférable de l’attendre ou de se dissocier de lui dans la prière ? Et est-ce que le priant qui est arrivé en retard dans la prière (et doit rattraper au moins une Rak’a) est comme les autres dans le sens où il lui est permis de se séparer de l’imam en prière ? Il répondit en disant : “Le mieux est que le priant attende, qu’il soit arrivé en retard ou pas…”
Quant à savoir si oui ou non les priants commettent un péché en ne le prévenant pas par ignorance, la réponse à cette question est que nous craignons qu’ils commettent un péché en raison du fait qu’ils ont négligé d’apprendre ce qui leur était obligatoire de connaître car les priants sont obligés d’attirer l’attention de l’imam sur la faute qu’il commet dans la prière. Ibn Qudâma a dit : Si l’imam ajoute par distraction un acte dans la prière à un endroit où il ne le fallait pas, les priants sont obligés de le prévenir. Si ce sont des hommes, ils doivent dire Subhâna Allah (gloire Allah) et si ce sont des femmes, elles doivent taper avec la paume de la main sur le dos de l’autre main.
Certains jurisconsultes ont même dit que leur prière est annulée s’ils n’informent pas l’imam. Al-Mirdâwî a dit dans al-Insâf ce qui suit : Les priants sont obligés de prévenir l’imam s’il commet une faute par distraction dans la prière comme l’a dit Ibn Qudâma et d’autre. S’ils ne le préviennent pas, (la déduction par) l’analogie veut alors que leur prière soit annulée.
Et Allah sait mieux.