Conseils à une femme mariée avec un homme qui bafoue ses droits
Fatwa No: 465778

Question

Je suis une femme mariée, j’ai une fille, mes parents sont décédés quand j’étais petite, mes frères habitent à l’étranger et leur situation est difficile. Je vis avec la famille de mon mari, je travaille, et tout mon salaire est dépensé dans les frais de la maison que partageons avec la famille de mon mari au point où c’est mon mari qui prend mon salaire et le partage entre lui et sa famille.
J’ai enduré, et je continue à endurer, le comportement de ma belle-famille. Je suis respectueuse des règles du voile islamique et des règles de la religion. Son père et son frère ne sont pas croyants du tout. Ils préfèrent une femme qui ne porte pas le voile et me refuse parce que je suis orpheline et porte le voile, selon ce qu’ils disent.
J’ai beaucoup tenté de convaincre mon mari de nous installer ailleurs mais il a refusé parce qu’il ne veut pas laisser la maison à son frère et que ce soit lui qui la prenne surtout que son père lui a acheté une maison alors que nous, nous vivons dans la maison familiale qui appartient à sa mère. Mon mari s’est arrangé avec sa famille pour qu’ils achètent une maison à son frère et que lui conserve la maison familiale mais le père a changé d’avis et veut que le frère de mon mari habite avec nous sans payer le moindre sou. C’est plutôt nous qui sommes contraints à assumer les dépenses de la maison.
J’ai subi une grande injustice. Mon mari m’a empêché de donner naissance à ma seule fille jusqu’à ce que son frère se marie et que sa femme tombe enceinte. Je fais un travail épuisant durant pas moins de 11 heures par jour. Et le jour de repos c’est à moi de nettoyer la maison et d’y faire le nécessaire.
J’ai fait une fausse couche parce que sa famille m’avait obligé à porter des charges lourdes jusqu’à ce que je fasse cette fausse couche parce que son frère ne s’était pas encore marié. Ils nous ont même empêché d’avoir des relations maritales alors que nous vivons dans la même maison – lui et son frère dans une chambre et moi et sa mère dans une autre durant six mois – et ensuite ils nous ont permis qu’on puisse dormir ensemble.
Je n’ai personne auprès de qui me retourner si ce n’est Allah. Je n’ai ni famille ni soutien et je pleure tous les jours. J’ai peur qu’il me divorce parce qu’ils ne me laisseront pas voir ma fille. Sans compter les propos désobligeants qu’ils tiennent – même les vieux d’entre eux - à chaque fois que quelqu’un essaie de me défendre.
Je vis dans un grand désarroi et une tristesse qui ne cesse de croitre quotidiennement. J’ai beaucoup songé à fuir mais penser à ma fille m’empêche de le faire. Comment puis-je apaiser cette tristesse et apporter de la quiétude à mon cœur ? Enseignez-moi une invocation qui pourra dissiper mes peines et ma tristesse. Conseillez-moi, que dois-je faire ? Qu’Allah vous récompense par un bien.

Réponse

 Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Nous implorons Allah de soulager chacune de vos angoisses et ménager une issue à chaque difficulté, une délivrance à chaque épreuve et de réformer la situation entre vous et la famille de votre mari.
Il ne fait aucun doute que l’invocation est le moyen le plus adéquat auquel il convient de revenir lors des épreuves. Les prophètes ont été éprouvé. Ils ne faisaient autre chose que de revenir à Allah en l’invoquant. Le Seigneur est bon et généreux, Il entend tout et est proche de Ses serviteurs. Il nous a ordonné de l’invoquer et promis de nous exaucer. Il dit : Votre Seigneur a dit : " Invoquez-Moi, Je vous exaucerai. Quant à ceux qui, par orgueil, refusent de M’adorer, ils entreront couverts d’opprobre dans la Géhenne."  (Coran 40/60).

Parmi les invocations qui correspondent à votre situation, celles où on demande à Allah d’être épargné de tout mal et celles qui dissipent la tristesse et les peines. Ceci dans un premier temps.
Deuxièmement : s’armer de patience puisque c’est ce qu’il y a de mieux à faire lors des épreuves. Dans son ouvrage Zâd Al-Ma’âd, Ibn Al-Qayyim a dit : La santé des cœurs, des corps et des âmes n’a jamais été mieux préservé que par la patience. C’est le distinctif le plus clivant. Le plus grand remède. Même s’il n’avait pour vertu que de permettre au fidèle qui s’en pare de bénéficier de la compagnie d’Allah puisqu’Allah est avec ceux qui se montrent patients. La patience permet aussi de bénéficier de l’amour d’Allah puisqu’Allah aime ceux qui se montrent patients. La patience permet d’obtenir la victoire puisque la victoire vient avec la patience. C’est la meilleure chose Il est préférable aux fidèles de supporter patiemment l’offense subie. (Coran 16/126). C’est une cause du salut : Vous qui croyez ! Armez-vous de patience, rivalisez avec l’ennemi d’endurance, luttez avec constance et craignez Allah afin de faire votre bonheur et votre salut. (Coran 3/200). Fin de citation.
Troisièmement : évoquez beaucoup votre Seigneur. C’est ainsi que votre âme se calmera et que votre cœur trouvera la quiétude. Que vos pensées s’assainiront. Allah, exalté soit-Il, dit : Ceux qui ont la foi et dont les cœurs s’apaisent à l’évocation d’Allah. C’est en effet dans l’évocation d’Allah que les cœurs trouvent véritablement la paix. (Coran 13/28).
Dans son ouvrage Al-Wâbil Al-Sayyib, Ibn Al-Qayyim dit en parlant des bienfaits du Dhikr (l’évocation d’Allah) : On n’a pas suscité les bienfaits divins ou repoussé les malheurs par un acte équivalent au Dhikr. C’est le Dhikr d’Allah qui suscite les bienfaits et repousse les méfaits. Allah, exalté soit-Il, dit : Allah protégera toujours les croyants. (Coran 22/38). Et dans une autre lecture, il dit qu’il repousse les méfaits des croyants. Il les repousse et il les protège en fonction de la force de leur foi et de la complétude de leur foi, de la teneur de leur foi et de sa constance dans l’évocation d’Allah.
Celui dont la foi est la plus complète et qui se rappelle le plus d’Allah, c’est lui qui bénéficiera le plus de la protection d’Allah et du fait qu’Il repousse ses ennemis. Conséquemment, celui dont la foi et l’évocation d’Allah sont plus faibles, la protection et le rejet des ennemis seront d’autant plus faible. Si le fidèle se rappelle Allah, Allah se rappellera de lui en le protégeant et en repoussant ses ennemis. Si le fidèle oublie Allah, Allah le délaissera en contrepartie tout comme il l’a oublié. Allah, exalté soit-Il, dit : Et lorsque votre Seigneur proclama : " Si vous êtes reconnaissants, Je multiplierai certainement Mes faveurs envers vous. " (Coran 14/). Le rappel et l'évocation d’Allah sont à la tête de la gratitude – comme nous l’avons dit – et la gratitude et la reconnaissance suscitent les bienfaits et obligent à en recevoir davantage. Un prédécesseur a dit – qu’Allah lui fasse miséricorde - : Que de plus vilain que d’être distrait de la mention de qui n’est jamais distrait de te mentionner. Fin de citation.
Quatrièmement : Dialoguez avec votre mari de la meilleure façon, avec douceur et délicatesse. Faites intervenir des intermédiaires parmi les gens de bien et de mérite pour lui expliquer vos droits sur lui dont le droit à un logement indépendant dans lequel vous pouvez vivre votre vie sans gêne. Logement qu’il a pour obligation de vous mettre à disposition même s’il doit le louer. Et aussi, que vous n’êtes pas obligé d’habiter avec qui que ce soit de sa famille.
Cinquièmement : votre mari n’a pas le droit, et à plus forte raison sa famille, de prendre quoi que ce soit de votre salaire sans votre agrément. C’est interdit. Cela correspond à consommer les biens des gens sans droits. Allah, exalté soit-Il, dit : Vous qui croyez ! Que les uns ne s’emparent pas sans droit des biens des autres, mais que vos transactions soient le fruit d’un consentement mutuel. (Coran 4/29).
Il a aussi été rapporté de source sûre dans le Musnad de Ahmad que le Prophète () a dit : Il n’est pas licite de prendre les biens d’un musulman s’il n’y consent pas de bon cœur.

Et Allah sait mieux.

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