Une mère possède une somme d’argent et souhaite la distribuer entre ses enfants. Cela est-il permis ? Et comment le faire? Qu’Allah vous récompense par un bien.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Si la distribution de cet argent est un don, il n’y a pas de mal à le faire en respectant ces quatre conditions :
La première : le donateur doit être de ceux qui ont droit de gérer leurs propres biens, et non de ceux dont les biens sont sous tutelle en raison d’une faillite ou parce qu’il est simple d’esprit ou autre raison similaire.
La deuxième : la distribution de ces biens doit se faire alors que le donateur est en bonne santé, et non pas au cours d’une maladie à laquelle il est sur le point de succomber. Le cas échéant, cela correspondrait à un testament. Or, il n’est pas permis de faire un testament en faveur de ses héritiers en raison du hadith : « Rien ne doit être légué par testament aux héritiers. » Rapporté par Ibn Mâja.
La troisième : chaque personne devant recevoir sa part du don doit en prendre possession du vivant du donateur, alors qu’il est en pleine santé. Mais si prendre possession des biens est lié au décès du donateur, alors cela est considéré comme un testament, et il n’est pas permis de faire un testament à un héritier, comme nous venons de le dire.
La quatrième : le donateur doit attribuer des parts égales sans préférer des enfants à d’autres, sauf s’il a un justificatif religieux pour ce faire. Ceci, en raison de ce qui a été rapporté de source sûre dans les recueils de Boukhari et Mouslim, dont c’est la version, où Bachîr ibn Sa’d (qu’Allah soit satisfait de lui) après avoir fait un don à son fils, alla trouver le Messager d’Allah () pour qu’il en soit témoin, ce à quoi il lui dit :
- Bachîr ! As-tu d’autres enfants que celui-ci ? - Oui, répondit-il. - As-tu fait le même cadeau à chacun d’eux, demanda-t-il. - Non, avoua-t-il. - Alors ne me prends pas à témoin, car je ne peux être le témoin d’une injustice.
Dans une autre version, il lui dit : Alors reprends-le.
Dans une version de Muslim : Craignez Allah ! Soyez équitables avec vos enfants, dit le Prophète. Son père repartit alors et revient sur le don qu’il a fait à son fils.
Et dans une version de Ahmad : Les enfants ont droit à ce que tu sois juste envers eux.
Les justificatifs légitimant de donner plus d’argent à certains enfants seraient, à titre d’exemple : que l’un ait beaucoup d’enfants, ou soit étudiant en religion avec beaucoup de frais, qu’il soit malade et nécessite des soins qu’il ne peut pas acheter.
Certains savants comme Mohammed ibn Al-Hasan, Ahmad, Ishaq et quelques savants des écoles Shâfi’ites et Malikites ont dit : la justice consiste à donner à un garçon le double de la part d’une fille, comme pour l’héritage. Mais l’avis soutenant qu’il faut donner une part égale à la fille et au garçon est plus évident et mieux étayé, en raison du hadith : « Faites des dons à parts égales entre vos enfants. Et si je devais en donner plus à quelqu’un, j’en donnerais plus à la fille. » Rapporté par Said ibn Mansûr et Al-Bayhaqî. Dans son livre Fath Al-Bârî, Ibn Hajar juge la chaine de narrateur bonne.
Tout ce que nous venons de dire concerne le cas où vous souhaiteriez distribuer cet argent à titre de don. Mais si cela est fait dans le but de distribuer l’héritage, alors la distribution de ces biens est nulle et invalide. Il n’est pas permis de le faire puisqu’on ne peut pas hériter d’une personne encore en vie.
Et Allah sait mieux.